Du haut de mes 242 m

« Du haut de mes 242 mètres, je vois un horizon dégagé. Un horizon ou le paysage est ponctué par mes sœurs, plantées là par les hommes à notre service. Clignotant pour mieux nous parler et nous répondre, nous nous rions de ce monde qui nous a fait naître. 

 Si les chiens ont pour dieu les hommes, car ce sont eux qui les nourrissent, pour nous les éoliennes, nous savons que l’homme est notre esclave soumis qui s’agite à nos pieds. Il nous aide à nous dresser et nous décidons en accord avec Éole de ne tourner que lorsque cela nous plaît. 

 L’homme avide ne voit que son profit, il ne mesure pas ce qu’il détruit : l’horizon, l’échelle des paysages, la quiétude, le silence de la nature, son équilibre et la légèreté de l’air.

 L’homme est abattu, faute d’avoir su conserver son regard sur cette nature, il ne regarde plus que ses pieds, il ne voit pas que le ciel s’agite dans un mouvement continu. Il ne voit pas que nous fendons l’air au rythme lourd de nos pales. Il ne voit pas que nous colonisons cette troisième dimension, que nous prenons le pas sur les forêts. Il ne voit pas que la nature n’est plus la référence du paysage, mais que nos mats métalliques ont pris la place des arbres et des collines, qu’ils deviennent le repère commun à tous ces paysages. Telle une araignée avec sa toile, nous capturons ce patrimoine avec la bénédiction du politique.

 Nous le savons notre existence ne repose que sur la bêtise, l’avidité, la lenteur et l’absence de courage politique. Jusqu’à quand pourrons-nous profiter de cela ?  Nous réduire à néant n’est pas si facile, c’est notre atout, nos socles, nos matériaux ne sont que peu recyclables. Notre empreinte est forte, mais passée en arrière-plan. Le dogmatisme des puissants est notre meilleure protection. A nous la belle vie !

 Mais attention certains luttent, s’élèvent, se redressent de tous côtés, nos racines sont pointées du doigt, nos ailes sont accusées de ne faire que brasser du vent, pire on les dit responsables de produire du CO2, notre masque se fendille, alors vous les lobbys, nos fidèles esclaves protégez-nous, mentez, bonimentez, faites durer, et qui sait, s’il le faut, utilisez, réduisez vos profits et usez de l’arme fatale, payez, payez, payez. Tout s’achète…. Pour un temps pour le moins……

 

MorVent en colère !

1 Commentaire

  1. Merci pour ce texte très bien pensé et écrit.
    Je finis de le lire en riant jaune.
    Espérons qu’il touche ceux qui ne regardent que leurs pieds ou leur porte-monnaie.

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