Le cercle – Les echos – Le financement de l’éolien et du photovoltaïque en question

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Opinion | Le financement de l’éolien et du photovoltaïque en question

HERVÉ NIFENECKER / Président de l’Association des Cafés des Sciences du Pays Vizillois

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La suppression du soutien financier (tarifs de rachat ou de référence) à la vente de l’électricité renouvelable permettrait d’absorber l’annulation de l’augmentation de la taxe climat et de retrouver de la marge pour financer la transition énergétique.

Le gouvernement a décidé de supprimer l’augmentation de la taxe climat portant sur les carburants. Cette augmentation devait atteindre 3,7 milliards d’euros.

La fiscalité de l’Énergie a été profondément modifiée en 2016 par l’intégration dans le budget de l’État des charges et des recettes de la « Contribution au Service Public de l’Énergie », la CSPE, dans le compte d’affectation spéciale (CAS) de la « Transition énergétique ».

Selon le rapport du Sénat sur le projet de loi de Finances 2018, le soutien aux énergies renouvelables électriques passerait de 3,7 milliards d’euros en 2016 à 5,4 en 2018.

La possibilité de recourir à la taxe pour assumer l’augmentation de ce soutien disparaissant, qui paiera les producteurs d’électricité éolienne et photovoltaïque ? Sera-ce EDF, qui sauf à se mettre en faillite, ne pourrait qu’augmenter ses tarifs ? Le refus d’augmentation de ces tarifs par le gouvernement ne semble-t-il pas aller, effectivement, dans le sens de rendre EDF insolvable, si une autre solution n’est pas trouvée ?

La Cour des comptes a estimé que les soutiens de la production d’électricité renouvelable, financés jusqu’à présent par la CSPE, ont coûté 27 Mds d’euros jusqu’à présent avec près de 100 Mds d’engagements. La Cour des comptes a aussi révélé que ces dépenses n’avaient pas conduit à une réduction des émissions de CO2. Elle a, essentiellement, servi à diminuer la production nucléaire et à la rendre moins rentable. Y a-t-il lieu, dans les conditions nouvelles créées par la suppression de l’augmentation de la taxe de 3,7 milliards d’euros, de continuer à subventionner la production d’électricité renouvelable qui ne diminue pas les émissions de CO2, déstabilise le réseau électrique et, faute de financement, mettrait en danger l’existence même de l’opérateur national ?

La question mérite d’autant plus d’être posée que, selon la réponse du Maître d’ouvrage à la question 609 du débat public sur la PPE, les coûts de production se sont effondrés entre 2009 et 2017, de 358 à 49,5 $/MWh pour le photovoltaïque et de 135 à 45 $/MWh pour l’éolien

Le tarif de rachat de l’éolien reste fixé à 82 €/MWh pour les contrats souscrits avant 2016,et le tarif de référence servant au calcul du complément de rémunération, depuis 2016, varie entre 72 et 74 €/MWh, celui du photovoltaïque varie, lui, entre 60 et 200 €/MWh ? Ces tarifs laissent augurer de confortables profits. C’est bien ce que constatait la CRE dans son rapport d’analyse sur les coûts et la rentabilité des énergies renouvelables en France métropolitaine. La CRE observait, en effet, des rentabilités bien supérieures au coût moyen pondéré du capital (CMPC, de l’ordre de 8 % net d’impôt). Pour l’éolien, les installations sont amorties au bout de 15 ans alors que leur durée de vie excède 20 ans.

Nous suggérons de reporter la diminution du revenu de la taxe sur les producteurs de courant éolien et photovoltaïque. Les taxes finançant essentiellement des projets éoliens et solaires qui coûtent cher et sont inefficaces, nous demandons à l’État d’arrêter de subventionner ces énergies dites matures. Leurs producteurs devront vendre leur production sur le marché sans soutien ou subvention.

Ces producteurs sont soit des particuliers assez aisés pour avoir investi dans des panneaux photovoltaïques leur permettant de vendre sans risque leur production à EDF, soit des entrepreneurs industriels ou bancaires intéressés par des opérations financières rentables en investissant de façon massive dans une production éolienne vendue, elle aussi, en toute sécurité à EDF.

Que ces fournisseurs prennent enfin leur responsabilité nous semble socialement équitable. Ils devraient y être d’autant plus incités que leur production n’était pas, jusqu’à présent, soumise à la TVA.

La perte de ressource de 3,7 milliards due à l’annulation de l’augmentation de la taxe carbone serait plus que compensée par la suppression des 5,4 milliards de subventions à la production d’électricité renouvelable. Les 1,7 milliard rendus ainsi disponibles ne manqueraient certainement pas d’usage.

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