La baisse des subventions menace l’emploi dans l’industrie éolienne outre-Rhin – Le Figaro 28 Août 2018

Le Figaro – samedi 25 août 2018

La baisse des subventions menace l’emploi dans l’industrie éolienne outre-Rhin

Bonnebas, Violette

Rien ne va plus dans l’éolien allemand. Confronté à une baisse des commandes, le premier constructeur d’éoliennes terrestres du pays, Enercon, a décidé de se concentrer sur l’international, entraînant la suppression de 835 postes chez ses sous-traitants. Ses principaux concurrents, Nordex, Senvion ou encore Siemens Gamesa, ont eux aussi réduit la voilure outre-Rhin. Des usines entières mettent même la clé sous la porte, comme les sites de Powerblades et Carbon Rotec près de Brême.

Selon le syndicat IG Metall, plus de 2000 emplois ont déjà été détruits depuis 2017. Quelque 24 000 postes supplémentaires sont menacés. « Les conséquences pour les employés sont dramatiques, s’alarme Meinhard Geiken, directeur régional du syndicat IG Metall dans le nord de l’Allemagne, la région la plus touchée. Avec ces coupes franches dans les effectifs, la filière perd aussi un savoir-faire important. » Selon la fédération de la filière éolienne (BWE), l’installation de turbines sur le sol allemand a baissé d’un tiers sur un an et devrait continuer de chuter.

Pour le BWE, la crise a été déclenchée par la réforme du système de subventions aux énergies renouvelables mis en place il y a un an et demi. Auparavant, Berlin soutenait tous les projets avec un prix fixe de rachat d’énergie. Cela a dopé le secteur, faisant de l’Allemagne le leader européen de l’éolien. La capacité installée d’éoliennes sur le territoire (51 gigawatts, GW) dépasse même celle des centrales à charbon. Mais cette politique coûtait cher, trop cher aux yeux du gouvernement qui est passé à un système d’appels d’offres.

Pression sur les prix

Désormais, seuls les projets les plus compétitifs sont soutenus financièrement. Contrairement à la France, qui a adopté ce système uniquement pour les grands parcs éoliens, l’Allemagne a choisi de ne faire aucune exception. Résultat, une très forte pression sur les prix qui se répercute sur l’ensemble du secteur. La situation est d’autant plus difficile pour le secteur que le gouvernement a réduit les volumes concernés. Il prévoit ainsi d’attribuer 2,80 GW d’éolien terrestre par an, bien moins que les 4,6 GW installés en moyenne avant la réforme.

À cela s’ajoute le fait que plus de 90 % des appels d’offres ont été remportés en 2017 par des projets dits « citoyens », à la réalisation incertaine. « Ces projets ont pu participer aux appels d’offres sans autorisation de construire préalable, explique Matthias Zelinger, président de la fédération allemande des constructeurs d’éoliennes (VDMA). Une fois emporté l’appel d’offres, l’installation des turbines tarde en attendant les autorisations. Ainsi, « sur un an, les commandes ont baissé de 70 % », poursuit Matthias Zelinger, qui précise que cette « erreur du gouvernement » a été depuis corrigée.

Le ministère de l’Énergie refuse d’endosser la responsabilité des difficultés de la filière. Il assure que les suppressions d’emploi sont causées par « un renforcement de la concurrence internationale ». De leur côté, les professionnels de l’éolien appellent le gouvernement à lancer rapidement les « appels d’offres exceptionnels » promis d’ici à 2020 pour relancer l’activité.

V. B. (À BERLIN)

Be the first to comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.