Lettre de Morvent en Colère aux conseillers de la commune de Montsauche les Settons

                                                                                   Saint-Agnan, le 2 février 2021

Lettre nominative à chaque membre du Conseil Municipal de Montsauche

La zone statutaire d’intervention de Morvent en Colère couvre la zone de Montsauche, d’où ce courrier.

En tant que membre du Conseil Municipal de Montsauche, vous devez examiner l’éventuelle implantation d’éoliennes sur la commune de Montsauche. Prendre une telle décision serait une erreur car « L’éolien est un problème, pas une solution ». (voir le document joint de Marc Halévy)

UNE PRESENTATION MENSONGERE D’UN ENGAGEMENT IRREVERSIBLE

Les promoteurs présentent toujours leur demande comme la possibilité de faire des études prospectives, de faisabilité, ce qui n’engage à rien. Mais une fois que c’est accepté vous ne pouvez plus revenir en arrière. En effet le promoteur engage des frais et peut vous demander de les rembourser.

Suite à l’avis favorable du Conseil municipal, le promoteur rencontre les propriétaires, si ce n’est déjà fait ; Il fait signer une promesse de bail (promesse de bail vaut bail) aux propriétaires. Alors il n’y a plus de retour en arrière possible.  Un promoteur (filiale de Total) demande 1 million € à un propriétaire qui avait accepté cette étude préalable « qui n’engage à rien » : il ne souhaite pas d’installation d’éolienne surs ses terres (avec raison compte-tenu des nuisances et des coûts qui seront à sa charge lors du démantèlement).

L’EOLIEN CONDUIT A UN ACCROISSEMENT DES EMISSIONS DE CO2

Le promoteur éolien va mettre en avant que c’est bon pour le climat, que c’est une action citoyenne d’accepter l’éolien…

 Depuis 2014, nos émissions de CO2 ne cessent de croître proportionnellement au nombre de parcs éoliens mis en service (données RTE). Pourquoi ? L’énergie éolienne est intermittente. Quand il n’y a pas de vent, il est indispensable de faire appel à des centrales thermiques à charbon, à gaz ou à fuel pour prendre le relais et assurer une production constante d’énergie. Ces centrales émettent de grandes quantités de CO2. L’Allemagne qui a fait le choix de l’éolien, est devenue aujourd’hui le pays européen le plus pollueur en CO2 (Les Echos, mai 2014).

L’ARGENT AUX EXPLOITANTS EOLIENS

L’éolien c’est surtout une rente financière pour les promoteurs.

EDF est contrainte d’acheter pendant 15 à 20 ans toute la production d’électricité éolienne, quels que soient ses besoins, à un prix garanti très largement supérieur au prix de revente (environ le double du prix moyen du marché). C’est nous qui payons la différence à travers des taxes sur l’électricité (CSPE) et nos impôts (en 2020 les subventions accordées à travers cette garantie de prix s’élève à 2,3 milliards €), permettant aux promoteurs des profits garantis de 15 à 20 % de leur chiffre d’affaire (c’est à dire ce que l’Etat, donc nous, leur avons donné). Il faut savoir qu’une grande partie des sociétés d’exploitation des éoliennes sont des sociétés étrangères et que les équipements sont importés. Nous subventionnons l’étranger.

LES TROMPERIES SUR LE FINANCEMENT PARTICIPATIF

Autre argument mis en avant par le promoteur : le financement participatif.

La proposition dite de financement participatif est un leurre. Il ne s’agit en aucun cas de financement participatif (pas de possibilité de participation aux décisions et aux résultats), mais d’un prêt fait par des particuliers avec des taux d’intérêt de 5 à 7 % (alors que les résultats sont de l’ordre de 15 %, voire plus.

Ce n’est qu’un moyen d’amadouer les réticences en faisant miroiter des gains qui n’ont rien à voir avec ce que les promoteurs gagnent sur notre dos.

L’ARGENT POUR LES COLLECTIVITES LOCALES

Région, département, communauté de communes et communes sont intéressés à l’affaire puisqu’ils se répartissent les produits fiscaux tirés des éoliennes. En ce temps de pénurie, de nombreux élus sont ainsi prêts à vendre notre paysage, notre patrimoine, notre santé, notre richesse culturelle.

Sauf que :

  • La commune qui accueille le parc éolien et supporte ses nuisances ne perçoit qu’une partie des recettes fiscales car c’est la communauté de communes qui en perçoit la plus grande part et qui décide de la répartition chaque année. Par contre c’est la commune qui a tous les ennuis.
  • Depuis 2017, les dotations de l’Etat sont diminuées des montants perçus par l’éolien.

Ainsi nous sommes contraints d’enrichir ces promoteurs avec l’argent que l’on a pris dans notre poche et qui ne redonnent qu’une petite partie de leur bénéfice au territoire.

Mais ce n’est pas tout, l’installation de machines qui peuvent atteindre maintenant 240 m de haut n’est pas anodine, elle transforme radicalement notre espace rural en ZONE INDUSTRIELLE.

UN ENVIRONNEMENT DEGRADE

Notre paysage, l’une de nos richesses, qui fait l’attraction des vacanciers et le bonheur des résidents, sera métamorphosé. Le mouvement des pales et le clignotement nocturne qui constituent une gêne sonore et visuelle incessante, achèvera de l’anéantir, et cela sur des kilomètres à la ronde. Un arrêté préfectoral pris à Echauffour dans l’Orne le 22 janvier 2021 a imposé l’arrêt d’exploitation d’éoliennes du fait des nuisances sonores.

Oui mais c’est dans une zone reconnue par le Parc du Morvan !

L’étude faite par le Parc naturel en 2013 a consisté à identifier les zones d’interdiction réglementaires. Cette identification a été complétée par une approche ponctuelle à partir d’éoliennes de 100 m de haut, aboutissant à un mitage du territoire sans vue d’ensemble. En plus, aujourd’hui, les éoliennes font en général 220 à 240 m de haut (pour capter le peu de vent régulier de notre région). Les impacts sont totalement différents et non pris en compte.

Par ailleurs quelle est la cohérence de cette étude avec les classements des espaces protégés ? Par exemple, le Moulin de Nataloup fait partie des espaces protégés du Morvan (Nataloup, Moulin de Nataloup | Patrimoine du Morvan) zone Natura 2000. Selon la carte de l’étude 2013 cette zone peut théoriquement accueillir des éoliennes, ce qui est contradiction avec le classement de la zone. On voit là toute l’ambiguïté de telles études faites sans vision d’ensemble … et cela à un moment où la France organise un symposium international sur la biodiversité.

UNE BIODIVERSITE MISE EN CAUSE

Les pales géantes qui tournent à une vitesse de 300 km/h en bout de pale, sur des surfaces de plus de 1 ha (pour des pales voisines de 60 m), détruirons de nombreuses espèces rares et protégées (chauve souris, milan royal, cigogne noire, …)., sédentaires ou lors des migrations (les zones Natura 200 sont des sites privilégiés de sédentarisation et passage lors des migrations). Le défrichage pour implanter et accéder à ces zones industrielles, en particulier celles implantées dans ou près de zones protégées (Natura 2000, ZNIEFF) va aussi détruire notre flore riche.

Par exemple la zone du Moulin de Nataloup, rare zone possible sur Montsauche, est notamment protégée pour ses tourbières et sa flore. La mise en place d’une éolienne de 220 à 240 m nécessite de détruire des surfaces de de 1 à 2 ha par éolienne. Des dégradations irréversibles résulteraient d’un chantier pour créer une zone industrielle éolienne sur ce site.

L’ACTIVITE EN BERNE

La crise COVID incite les urbains à se « ressourcer » dans des zones de calme, et le parc du Morvan, notamment la région de Montsauche avec son lac, ses forêts, ses campagnes paisibles, fait partie de ces régions privilégiées. Qu’en sera-t-il demain si les paysages sont remplis de ces monstres de béton et de fer ?

L’éolien ne fournit aucun emploi localement. Notre territoire, ainsi dégradé, avec une population qui déclinera ne générera plus d’activité, donc de moins en moins d’actifs. C’est la fin programmée des villages.

L’IMMOBILIER EN CHUTE

Ce sont aussi nos maisons qui seront dépréciées. Dès aujourd’hui, les acheteurs potentiels veulent s’assurer qu’aucun parc éolien n’est prévu dans l’environnement proche avant de s’engager. Nous avons reçu le 30 janvier le mail suivant « Nous avons en effet repéré un bien à Montsauche, mais n’aimerions pas être entourés dans quelques années d’éoliennes ou de panneaux solaires. » En outre, le patrimoine que nous comptions laisser à nos enfants pour les aider dans un monde difficile où la précarité s’installe, n’aura plus de valeur.

DES MENACES POUR LA SANTÉ DES HOMMES ET DES ANIMAUX

Nombreux sont les témoignages de riverains qui se plaignent, ceci dans toutes les régions de France. Nous avons de nombreux cas connus en Côte d’Or par exemple, et qui font l’objet d’un suivi médical. Le mouvement continu, nuit et jour, dans le champ de vision, l’ombre tournante des pales à l’intérieur même des maisons, le ronronnement du moteur auquel s’ajoute le bruit rythmé des pales qui obligent à fermer les fenêtres même en plein été, la perte définitive de la sérénité de l’environnement, tout cela provoque des pathologies allant des maux de tête, nausées, pertes du sommeil, à la dépression. Ceci est reconnu dans de nombreux pays (Royaume Uni, Allemagne Canada, Etats Unis, Australie, …) mais la France persiste à les ignorer malgré les cas signalés et les alertes lancées par nos médecins. Néanmoins l’Académie de médecine reconnaît ces nuisances :

« Si l’éolien terrestre ne semble pas induire directement des pathologies organiques, il affecte

au travers de ses nuisances sonores et surtout visuelles la qualité de vie d’une partie des

riverains et donc leur « état de complet bien-être physique, mental et social » lequel définit

aujourd’hui le concept de santé. » (Avis de l’académie de médecine ,9 mai 2017)

En Charente, en Loire Atlantique, dans la Somme, … depuis l’installation d’éoliennes à proximité, on a pu constater dans des élevages de bovins des phénomènes alarmants : les bêtes refusent de s’abreuver, le rendement laitier diminue, la qualité du lait se dégrade, les vêlages sont difficiles, la mortalité augmente (voir les rapports du Professeur émérite Arlette Laval, de Catherine Journel et Christophe Lebret). Un article de Mediapart publié le 31 janvier 2021 conclut : « Les plaintes pourraient, en effet, se multiplier. Dans toutes les régions françaises, des éleveurs témoignent de similaires et incompréhensibles descentes aux enfers. »

Diverses actions sont en cours auprès des tribunaux, notamment le Mouvement de la ruralité a porté plainte contre 4 Ministres, de même qu’une agricultrice de Loire Atlantique.

Prenons l’exemple du Moulin de Nataloup : c’est une zone humide sur sol granitique. Les problèmes se retrouvent tout particulièrement dans ces zones. « Des fabricants travaillent sur ce sujet : ils se manifestent surtout sur un sol granitique », constate Jean-Yves Grandidier, patron du groupe français Valorem, comme dans le Morvan.

Quelle est la responsabilité des conseils municipaux et des maires qui donnent des avis favorables, alors que leur objectif est de protéger les personnes, leurs biens, leur santé, leur cadre de vie, …  aujourd’hui et demain ?

UN AVENIR DE FRICHES INDUSTRIELLES

Et dans vingt ans, quand ces éoliennes devenues vétustes seront abandonnées, le parc éolien deviendra une friche industrielle dont le démantèlement et le recyclage seront à la charge du propriétaire du terrain (il s’agit de baux emphytéotiques) qui ne pourra s’en débarrasser faute de moyens suffisants. Le coût du démantèlement est estimé de 400 000 € à 700 000 € selon la taille de l’éolienne. Après recyclage (les pales ne sont pas recyclables et sont mises en décharge …, cela fait des surfaces immenses), le coût est estimé à environ 200 000 €, voire plus. La provision de 50 000 € prévue pour le démantèlement d’une éolienne est largement sous estimée. De plus cette somme est inscrite au bilan des sociétés des promoteurs éoliens mais pas déposée ; qu’adviendra-t-il en cas de faillite, car les sociétés d’exploitation éoliennes sont sous capitalisées, ne respectent pas, pour un grand nombre, les exigences du droit des sociétés, et sont en faillite virtuelle. (Cas du site de Clamecy qui a dû recapitaliser).

Sans parler des centaines de tonne de béton qui resteront dans le sol.

INTRODUIRE LA ZIZANIE ENTRE LES HABITANTS

Les propriétaires fonciers qui auront des éoliennes installées sur leur parcelle toucheront des sommes non négligeables (environ 3 500 à 4 000 € par MW installé et par an, soit plus de 15 000 € par an pour une éolienne de 220/240 m de haut et 4 MW). En revanche, les voisins qui auront les nuisances ne toucheront rien. L’installation des éoliennes dans les communes ont créé des « clans ennemis ».

A titre d’exemple, le leurre du financement participatif nécessiterait de placer 250 000 € pour avoir la même somme. L’immobilisation du foncier est 10 à 20 fois inférieur. Cela ne calmera pas les jalousies…

ET TOUT CA POUR QUOI ?

Dans notre région, l’une des moins ventée de France, les machines n’atteignent même pas 20% de leur capacité. C’est pour cela qu’il y a une course à la démesure (240 m en bout de pale) pour récupérer un peu plus de vent En 2019, les éoliennes installées en France n’ont produit que 6,3 % de l’électricité consommée en France, avec un coût pour l’Etat, donc pour les citoyens, d’environ 35 milliards €. (Cour des comptes et rapport à l’Assemblée nationale du député Julien Aubert)

Le prix de l’électricité vient d’augmenter au 1er février. Ce n’est qu’une étape de ce qui attend les consommateurs français alors qu’il existe des solutions alternatives moins coûteuses, plus protectrices de l’environnement, plus efficaces pour la maîtrise des gaz à effet de serre (voir étude CÉRÉMÉ) et beaucoup plus fiables, sans les risques liés aux intermittences : le 8 janvier 2021 l’Europe a failli être toute dans le noir, la situation a pu être maîtrisée en utilisant au maximum l’électricité en provenance des barrages hydrauliques, mais en vidant les réserves d’eau et obérant les potentialités de production de demain en cas de nouvelle panne de vent.

L’ÉOLIEN N’EST PAS LA BONNE SOLUTION, IL Y A MIEUX A FAIRE :

– DÉVELOPPONS des énergies renouvelables adaptées à notre région agricole, forestière, et bien irriguée :
 la petite hydro-électricité, la méthanisation, la biomasse, …génératrices d’emplois locaux.
– INCITONS et SOUTENONS les économies d’énergie, l’isolation des bâtiments, les circuits courts, …
– INVESTISSONS dans la recherche, même à notre échelle

PLUTÔT QUE DE DILAPIDER NOTRE ARGENT POUR DES LOBBIES INSATIABLES.

Vous comprenez donc pourquoi il ne faut pas engager la commune de Montsauche dans une démarche qui obèrera pour longtemps son avenir sans avoir recueilli toutes les informations utiles. En outre il vous appartient d’organiser un débat public auquel nous proposons de participer pour fournir toutes les informations utiles.

De ce fait nous vous demandons d’avoir une réunion d’échanges avec votre conseil et de participer au débat public que vous organiserez, pour une prise de décision avec toutes les informations nécessaires, sans omissions (Voir le guide de l’éolien et de l’élu).

Dans l’attente de vous rencontrer prochainement pour un tel échange, nous vous prions de croire en nos sentiments les meilleurs.                                         

Le bureau de MorVent en Colère

PIECES JOINTES

1 Commentaire

  1. Excellente présentation et analyses en ce qui concerne les enjeux collectifs……aucun conseiller municipal ne pourra dire: « je ne savais pas »….l’avenir n’est pas à copier mais à construire dans l’intérêt général.

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