Le plan de bataille du gouvernement pour apaiser la fronde face aux projets éoliens

Le ministère des Armées doit travailler à libérer des espaces soumis à des contraintes radars, afin d’accélérer le développement de l’éolien. Toutefois, pour limiter les « sentiments de saturation » de certaines régions, l’Etat veut mettre en place un seuil maximal d’éoliennes au-delà duquel la présence de ces mâts serait régulée.

La feuille de route énergétique du gouvernement prévoit de construire en moyenne 2 GW de nouvelles capacités éoliennes terrestres par an, or, le rythme ces deux dernières années a plutôt oscillé entre 1,4 GW et 1,6 GW./Credit : FRANCOIS GREUEZ/SIPA/2009241507 (FRANCOIS GREUEZ/SIPA)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 9 déc. 2020 à 11:54Mis à jour le 9 déc. 2020 à 17:54

Le constat dressé par Emmanuel Macron, mardi lors de sa visite à la filière nucléaire au Creusot , est sans appel : « Notre production d’énergie renouvelable doit augmenter fortement, car nous ne sommes pas au rendez-vous de nos engagements. » De fait, la feuille de route énergétique du gouvernement prévoit de construire en moyenne 2 GW de nouvelles capacités éoliennes terrestres par an, or, le rythme – ces deux dernières années – a plutôt oscillé entre 1,4 GW et 1,6 GW. Mais comment accélérer sans susciter un vent de fronde chez les élus et riverains ? Face à cette question sensible, le gouvernement décline un nouveau plan de bataille.

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Un seuil d’éoliennes maximal

D’abord, pour limiter les « sentiments de saturation » dénoncés par certaines régions, l’Etat veut mettre en place un seuil d’éoliennes au-delà duquel serait mis en oeuvre un « mécanisme de régulation ». Ensuite, pour améliorer la répartition des projets qui se concentrent principalement dans les régions Hauts-de-France et Grand Est, le gouvernement lance un exercice de planification : « Les préfets de région détermineront, en lien avec les régions et en associant les communes et intercommunalités, une cartographie des zones propices au développement de l’éolien », explique le ministère de la Transition écologique dans un communiqué.

Mais le gouvernement veut aussi s’attaquer au manque d’espace disponible pour installer des éoliennes. Il lance ainsi « mission conjointe des ministres de la Transition écologique et des Armées pour identifier, d’ici à mars 2021, des solutions techniques permettant de libérer des espaces ». C’est un point essentiel pour la filière éolienne car « mis bout à bout, les contraintes de distance de 500 mètres par rapport aux habitations, de protection des zones Natura 2000 et les contraintes de l’aviation militaire et civile limitent largement les possibilités », explique le délégué général du syndicat des énergies renouvelables Alexandre Roesch. A ce jour seuls 20 % du territoire sont accessibles aux éoliennes et grâce à ces travaux, le gouvernement espère libérer « jusqu’à 14.000 à 18.000 km² » supplémentaires.

Réduire les nuisances

Afin d’améliorer l’acceptabilité locale des projets, le gouvernement lance, par ailleurs, des expérimentations visant à « réduire les nuisances lumineuses » des parcs éoliens. Des tests menés pendant les six prochains mois viseront à identifier des solutions à déployer à l’échelle nationale. C’était une demande ancienne de la filière éolienne qui plaide par exemple pour remplacer certains systèmes de balisage lumineux des parcs par des systèmes qui ne s’activeraient qu’au passage d’avions.

Autre mesure phare : le gouvernement veut engager la création d’une « charte de bonne pratique » afin d’imposer aux porteurs de projets la sollicitation, dès le départ, de l’aval de la commune d’implantation. « En pratique, c’est déjà le cas, mais en formalisant les choses on contribue à renforcer la confiance », estime un développeur éolien. Un exercice d’évaluation de l’évolution des prix de l’immobilier à proximité des parcs éoliens confié à l’Ademe viendra encore objectiver l’impact de ces projets localement. Par ailleurs, pour encourager les communes à mener elles-mêmes des projets renouvelables, l’Etat s’engage à cofinancer la mise en place d’un réseau de conseillers techniques : cinq millions d’euros seront ainsi déployés sur trois ans.

« Ce sont des mesures pragmatiques et concrètes qui visent à lever l’ensemble des contraintes auxquelles on fait face », se félicite Pauline Le Bertre, la déléguée générale de France Energie Eolienne. En dépit des mesures prises par Sébastien Lecornu en 2018, avec notamment la suppression d’un niveau de juridiction pour le traitement des contentieux liés à l’éolien terrestre, il faut toujours en moyenne, selon France Energie Eolienne, 7 à 8 ans pour développer un parc éolien en France, contre 3 à 4 ans en moyenne en dehors de nos frontières.

Sharon Wajsbrot

1 Commentaire

  1. La volonté d’apaisement relève d’un oxymore:
    avec notamment la suppression d’un niveau de juridiction pour le traitement des contentieux liés à l’éolien terrestre,
    zapper la concertation et passer en force devant les oppositions ne semble pas être une potion apaisante……..

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