CHRONIQUE. Le « vrai/faux sur l’éolien terrestre », publié le 28 mai par
le ministère de l’Écologie, accumule mensonges, banalités et…
arguments risibles.
Par Jean de Kervasdoué
Publié le 05/06/2021 à 07h30 – Modifié le 05/06/2021 à 11h43
La lecture des documents administratifs donne rarement l’occasion de se distraire. Certes, jadis, deux ou trois fois
dans l’année, la rubrique des changements de noms publiée au Journal officiel par le Conseil d’État donnait parfois des
occasions de sourire de façon peu charitable, mais il est rare qu’un document officiel contribue autant à la bonne
humeur. Il convient donc de remercier Mme Pompili et ses services du ministère de l’Écologie d’avoir publié il y a
quelques jours « Pour y voir plus clair : vrai/faux sur l’éolien terrestre » . En effet, si les mensonges grossiers, les
pompeuses banalités, les raisonnements sophistiques et les pléonasmes vous font rire, vous allez, en le parcourant,
profiter de quelques instants de franche hilarité. Vous pourrez aussi – et c’est plus probable – enrager, car ce sujet est
sérieux et il n’est jamais agréable d’être pris pour un imbécile. Jugez-en.
Avant de commenter la lecture de ce texte, il faut rappeler qu’EDF est contraint par la loi d’acheter à tout moment, jour
et nuit donc, 365 jours par an, qu’il en ait besoin ou non, la production de ces « moulins à vent » au prix moyen actuel
de 0,0924 €/kWh les dix premières années (1), puis de 0,028 € à 0,082 €/kWh de la dixième à la quinzième année. Le
tarif est plus élevé pour l’éolien en mer (de 0,110 €/kWh, à 0,120 €/kWh aujourd’hui). De surcroît, au cours de la
dernière décennie, certains contrats pour l’éolien terrestre – toujours en cours – furent signés avec une garantie de
rachat supérieure à 0,20 €/kWh, bien entendu payée par nos factures d’électricité et les taxes qui les alourdissent.
Où l’on enfile des perles
Les investisseurs sont donc, situation rarissime, certains de vendre leur production à prix fixe pendant une longue
période. Et comme les recettes sont garanties, ils n’ont pas besoin de mettre souvent la main à la poche et empruntent
souvent sur le marché 95 % du coût de l’investissement. Rappelons aussi que l’électricité ne se stocke pas, que c’est un
flux d’électrons, un courant, et qu’à tout moment donc la production doit parfaitement s’adapter à la consommation qui varie au cours des heures, des jours, des mois et des saisons.
Dès la première question posée par ce document produit par le ministère de l’Écologie, il est rappelé que « les énergies renouvelables en général, et l’éolien en particulier ont montré leur résilience durant la crise sanitaire ». « Leur
production n’a été que faiblement impactée, participant ainsi à la sécurité d’approvisionnement en électricité », précise
même le texte. Il était déjà connu, me semble-t-il, qu’en cas de pandémie, les consultations médicales et les admissions
à l’hôpital avaient peu d’influence sur le vent. La « résilience » de ces sources d’énergie ne mérite donc pas plus d’être
signalée que l’impact du virus sur les chutes de neige dans les Alpes. En outre, la gestion du réseau électrique n’est pas
spécifique à ces sources d’énergie, même s’il faut nettoyer régulièrement, voire déneiger, les panneaux solaires qui sont donc moins « résilients » en cas d’épidémie que d’autres sources, du fait de ce besoin de main-d’oeuvre.
L’éolien devra faire appel à d’autres sources d’énergie
Selon le même texte, il ne serait « pas si simple, voire faux » de déclarer qu’après tout, l’éolien n’est pas différent des
autres sources d’énergie et qu’aucune « production intermittente (…) ne peut suffire aux besoins des
consommateurs » parce que, notamment, « les installations nucléaires et thermiques (ainsi que les éoliennes, les
installations solaires et les barrages hydroélectriques) doivent être arrêtées régulièrement pour des opérations de
maintenance qui peuvent durer jusqu’à plusieurs mois. ». Il ne faut pas manquer d’air pour comparer la maintenance
programmée d’une usine et les sautes de vent ! Même si les prévisions météorologiques font des progrès, quand le vent tombe, il faut trouver d’autres sources d’électricité pour répondre à la demande des usagers. Le plus souvent, comme en Bretagne, il s’agira de centrales thermiques au gaz. C’est la raison pour laquelle, les gaziers comme Engie adorent l’éolien et dissimulent, à l’instar des Allemands, leur marché florissant, derrière la défense de cette énergie dite
« renouvelable ».
Madame Pompili déclare également qu’il est faux de dire que « l’éolien, variable, implique un recours accru aux
énergies fossiles pilotables » arguant que « le développement de l’éolien et du photovoltaïque prévu dans les dix
prochaines années en France dans le cadre de la PPE pourra s’appuyer sur la flexibilité du système électrique
français ». Le lecteur attentif constatera que le texte officiel est passé subrepticement du présent au futur de l’indicatif.
Nous ne sommes donc plus en 2021, mais en 2035. Or, même en 2035, cette affirmation reste plus que douteuse, car,
dans 14 ans, les lois de la physique n’auront pas changé et la météorologie non plus. En conclusion, demain comme
aujourd’hui, l’éolien devra faire appel à d’autres sources d’énergie.
Des affirmations éminemment discutables
Sur une année, pour une production théorique de puissance installée de 100, une éolienne ne fournira qu’environ 30 %
de sa capacité (estimation généreuse), 70 % viendront donc d’autres sources. Ainsi, en l’absence de soleil et de barrages hydroélectriques, on brûle systématiquement des énergies fossiles, notamment du gaz prétendument « propre ».
Toutefois, ce raisonnement à la moyenne induit en erreur : quand un anticyclone s’installe sur l’Europe, la production
des éoliennes chute à moins de 10 % de leur capacité et certains jours à moins de 1 % ! Si bien qu’il n’y a pas de
substitution et que l’on est obligé de garder toutes les capacités de production des moyens pilotables pour répondre à la demande qui ne diminue pas parce qu’il fait beau. Une fois encore, on se tourne alors vers les centrales thermiques au gaz, quand on diminue le nucléaire.
Faut-il rappeler que l’Allemagne, malgré ses investissements considérables, baisse à peine la « carbonisation » de son
électricité et se bat à Bruxelles pour faire admettre que le gaz devienne une énergie « verte » ? Il est vrai que le
gazoduc russe va bientôt arriver chez eux, qu’ils vont ainsi contrôler le robinet européen. Rappelons qu’ils ont empêché les Français de construire un approvisionnement en gaz venant du Sud, notamment de l’Algérie, torpillant efficacement ce projet.
Il est amusant de constater également que ce texte arrive à se contredire lui-même, sans même faire appel à des
raisonnements tirés par les cheveux. Ainsi, le texte assure qu’il est faux de prétendre que « lorsqu’elles ne produisent
pas, les éoliennes soutirent sur le réseau ». Et pour argumenter dans ce sens, il est précisé que « les éoliennes disposent de batteries nécessaires pour assurer en permanence l’alimentation des équipements et la sécurité des installations… »
Soit. Mais les quelques lignes suivantes rappellent tout de même qu’ « en temps normal, ces batteries sont alimentées
par l’éolienne elle-même, mais peuvent occasionnellement se recharger grâce au réseau ». Donc, elles soutirent bien
sur le réseau, pas beaucoup, certes, mais cela vaut-il un mensonge patent ?
Je passe sur les affirmations éminemment discutables du texte sur la prétendue absence de nuisances esthétiques
(destruction des paysages), écologiques (consommations d’espace, utilisation de terres rares, enfouissement des pales,
biodiversité) et sociales (nuisance sonore et baisse de la valeur foncière des propriétés voisines). Il faudrait les
reprendre une par une, car elles sont toutes aussi fausses les unes que les autres.
Des folies payées à la fois par le consommateur d’électricité et par l’automobiliste
Enfin, par essence, comme toute activité économique sur un territoire, les éoliennes créent des emplois : 22 000, nous
dit le texte. Toutefois, cette énergie se substituant partiellement au nucléaire, elle en détruit donc dans le secteur qu’elle remplace de manière intermittente. Il se trouve que le solde global de cette substitution est négatif. Tout simplement parce que pour le nucléaire, la seule importation est celle de l’uranium (moins de 3 % du coût global) alors que dans le secteur de l’éolien, les machines sont importées (ce qui équivaut à entre 10 et 20 % du coût global). Les éoliennes sont allemandes (Siemens) ou américaines (General Electric), voire danoises (2).
Quant aux investisseurs, ils sont pour l’essentiel étrangers (les Français restent largement minoritaires). Résultat : le
moment venu, à la suite de montages juridiques complexes, les collectivités qui ont accueilli ces machines ne
pourront pas se retourner contre les promoteurs, le détenteur de l’autorisation étant une filiale d’une société étrangère
qui sera mise en faillite.
Toutes ces folies sont payées à la fois par le consommateur d’électricité et par l’automobiliste à travers la taxe sur
l’essence et le gasoil. Elles pèsent donc davantage sur les ménages les plus modestes. Il y a une alliance objective entre
les partis politiques qui défendent ces énergies renouvelables, à commencer par Europe Écologie-Les Verts, les
industriels du gaz, l’Allemagne et des financiers internationaux qui ne font que prendre de l’argent avant de se tirer,
pour traduire ici le titre d’un film célèbre de Woody Allen (Take the Money and Run).
Un jour, proche maintenant, on ne trouvera plus cela drôle. Le scandale éclatera et chacun constatera que la politique
énergétique de la France n’aura été que du vent. Nul doute que cela provoquera une tempête !
(1) EDF vend à ses concurrents l’électricité nucléaire à 0,042€/kWh (https://www.cre.fr/Actualites/les-demandesarenh-
pour-2021)
(2) Dans ce pays qui a la plus longue expérience en la matière, le vent a tourné. Les subsides pour l’éolien vont être
supprimés.
Pour ceux qui souhaitent en savoir davantage, découvrez gratuitement le documentaire : https://eoliennes-lefilm.com/
Publié le 05/06/2021 à 07:30
La feuille de route du boss donnée à Barbara Pompili est : champs éoliens multiplié par 3…l’élément de langage se résume à: les opposants ne peuvent pas avoir raison., pour les arguments le lobby des constructeurs doit faire vitrine…..