Electricité en France: la montée des problèmes

Le secteur électrique français connait deux graves problèmes  à traiter de toute urgence:

I-Moyens de production d’électricité et délestages

L’association des gestionnaires de réseaux européens (ENTSOE)  mentionne trois pays européens  courant des risques liés à la question d’adéquation de leurs moyens de production d’électricité: Malte, l’Irlande et la France.  Cette annonce est nouvelle pour la France, seul grand pays européen cité dans cette situation.

Dans son Rapport « Winter Outlook 2021-2022 »  ENTSOE précise qu’en cas de vague de froid durant l’hiver et plus précisément en janvier et février, la France court des risques.  Les prévisions de l’ENTSOE ont été confirmées en janvier.  Dès que la température fléchit, la France est obligée d’importer des quantités importantes d’électricité. Il n’y a pas, pour le moment, de véritable vague de froid. Mais si cela survenait des  risques  de délestage  apparaîtraient car nos voisins n’ont que des possibilités limitées d’exportation.

Les causes ne sont pas des déficiences du parc nucléaire. A la suite de demandes des pouvoirs publics, EDF a porté le facteur de charge du parc nucléaire à 80% ce qui est techniquement fort bon.  La France a trop fermé des centrales à combustibles fossiles et nucléaires, diminuant la capacité de ses centrales pilotables.

II)Des concurrents d’EDF fort coûteux

En son temps, le gouvernement français a proposé à la Commission Européenne un dispositif, nommé ARENH, obligeant EDF à fournir à un prix bas à ses concurrents une partie de son courant nucléaire très compétitif. L’ARENH « conduit à s’écarter des conditions normales de fonctionnement  d’un marché concurrentiel » (Autorité de Concurrence française-Avis 10-A-08).   Cet écart coûte cher à EDF. Les concurrents lui ont pris beaucoup de clients mais  produisent pas ou peu d’électricité. Pour satisfaire la demande de leur clientèle en expansion ils doivent compléter leurs besoins  sur le marché d’électricité où les prix s’envolent, du fait des taxes carbone et du coût du gaz naturel. Le résultat est que ces concurrents ne sont plus compétitifs par rapport à EDF qui récupère les clients…quand ces derniers ont la possibilité de revenir. Pour éviter la débâcle des fournisseurs alternatifs, qui ont commencé à mettre la clef sous la porte, les pouvoirs publics  n’ont que deux moyens : soit  augmenter les tarifs d’EDF pour éviter que les clients y retournent, soit obliger EDF a fournir plus de courant nucléaire. La première méthode aurait conduit à une augmentation  des tarifs d’EDF de 44,5%. Malvenue pendant une campagne présidentielle. De plus cette méthode  est fustigée par l’Autorité de Concurrence française (Avis 19-A-07) qui considère qu’elle conduit à faire payer aux clients ce qui auraient du l’être par les fournisseurs alternatifs. Le gouvernement a choisi la seconde qui coûte à EDF  quelques milliards au profit de ses concurrents. La perspective est une augmentation importante du prix de l’électricité alors que les coûts de production en France sont bas. Le comble est le spectacle incroyable d’une entreprise, lâchée par son fournisseur  et obligée de se doter d’un groupe électrogène, comme en Afrique subsaharienne, mais ici pour échapper au marché français de l’électricité et à ses prix.

Le dispositif ARENH a touché ses limites et sert  à maintenir en vie des concurrents non compétitifs.  Il conduit à des prix sans rapport avec les coûts de production d’électricité en France.

Risques liés à une certaine inadéquation des moyens de production, prix artificiellement élevés.Il est urgents de repenser la question de l’électricité en France.

Cordialement,

Lionel Taccoen 

Directeur de la lettre « Géopolitique de l’Électricité » Vous pouvez également trouver toutes nos études sur le site www.geopolitique-electricite.fr, Rubrique « Etudes ».

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