paru le 12 février 2020
En 2019, la production d’électricité des centrales à gaz en France métropolitaine a augmenté de 23,8%. Ici la centrale à cycle combiné de Bouchain dans le Nord. (©EDF-Xavier Popy)
En 2019, la production d’électricité en France métropolitaine a encore reposé à 70,6% sur l’énergie nucléaire selon le Bilan électrique(1) publié le 12 février par le gestionnaire de réseau RTE. État des lieux.
Une baisse de 2% de la production d’électricité en 2019
La production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 537,7 TWh en 2019, soit 2% de moins qu’en 2018. Cette baisse de production est liée au recul des deux principales filières contribuant au mix électrique français : le nucléaire et l’hydroélectricité.
En 2019, la production nucléaire française a baissé de 3,5% « du fait d’une moins bonne disponibilité du parc » mais la filière a encore compté pour 70,6% de l’ensemble de la production électrique en France métropolitaine. Rappelons que la loi énergie-climat adoptée en septembre 2019 fixe pour objectif de réduire cette part à 50% à l’horizon 2035(2). La filière hydroélectrique a aussi légèrement moins contribué à la production électrique française (11,2% du mix en 2019, contre 12,5% en 2018) « en raison de conditions météorologiques défavorables »(3).
Cette baisse des productions nucléaire et hydraulique a « entraîné une hausse de la production thermique à combustible fossile (+9,8%) malgré un très fort recul de la production des centrales à charbon », indique RTE : les centrales à charbon qui sont censées fermer d’ici à 2022 (avec toutefois des dérogations concernant la centrale de Cordemais) n’ont compté que pour 0,3% de la production électrique française en 2019 (contre 1,1% en 2018) mais les centrales à gaz (7,2% du mix électrique français en 2019) et au fioul (0,4%) – dont la production est pilotable – ont apporté une bien plus forte contribution.
En pourcentage, c’est même la production au fioul qui a connu la plus forte progression en 2019 (+ 26,5%)(4), devant le gaz naturel (+ 23,8%) et l’éolien (21,2%). En volume de production, c’est le gaz qui a la plus progressé en 2019 (+ 7,2 TWh), devant l’éolien (+ 6,3 TWh). En 2019, l’éolien a compté pour 6,3% de la production électrique en France métropolitaine, consolidant ainsi sa place de principale filière renouvelable après l’hydroélectricité. Le solaire photovoltaïque et les bioénergies ont par ailleurs respectivement compté pour 2,2% et 1,8% de la production française d’électricité en 2019.
Le mix de production électrique en France métropolitaine est dit «
décarboné » à près de 92%. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Au total, les émissions de CO2 liées à la production française d’électricité ont atteint 19,2 Mt en 2019 (hors autoconsommation(5)), soit 6% de moins qu’en 2018. Cette baisse est liée à la structure de la production thermique à combustible fossile avec une « forte baisse de la production à partir de charbon au profit de celles fonctionnant au gaz significativement moins émettrice de CO2 ».
La consommation d’électricité au plus bas depuis 10 ans
En 2019, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine a atteint près de 474 TWh, soit 1% de moins qu’en 2018. RTE indique que cette baisse « s’explique par des températures globalement plus douces en début d’année et par une croissance économique moins soutenue qu’en 2018 »(6). Le gestionnaire de réseau souligne que la France connaît une phase de « relative stabilité » de sa consommation électrique depuis 2010, entre autres en raison d’un renforcement des actions d’efficacité énergétique (notamment dans les bâtiments), d’un ralentissement de la croissance économique (et démographique) et d’une tertiarisation de l’activité.
Selon RTE, « une tendance à la stabilisation de la consommation
totale d’électricité s’observe depuis plusieurs années et traduit
globalement une meilleure maîtrise de la consommation malgré une
utilisation croissante d’appareils électriques ». (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
En 2019, la France est restée « le pays le plus exportateur d’électricité d’Europe », avec un solde exportateur net avec les pays voisins de 55,7 TWh (contre 60,2 TWh en 2018)(7). Le gestionnaire de réseau rappelle que les échanges d’électricité dépendent « directement des écarts de prix entre la France et ses voisins » et qu’il « est parfois plus favorable économiquement d’importer de l’énergie de nos voisins plutôt que d’activer des moyens de production coûteux sur le territoire »(8).
En 2019, c’est vers la Suisse et l’Italie que la France a exporté le
plus d’électricité. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Sources / Notes
- Bilan électrique 2019, RTE, février 2020.
- Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim vont être respectivement arrêtés le 22 février et fin juin 2020.
- En 2019, la production hydroélectrique française a baissé de 12,1% par rapport à 2018.
- Alors même que la puissance cumulée des centrales au fioul en France métropolitaine a baissé de 96,6 MW en 2019.
- « Les émissions de CO2 dues à l’autoconsommation sont évaluées à 2,8 millions de tonnes (+ 7% par rapport à 2018). Ces émissions sont comptabilisées dans le bilan des sites industriels ».
- Même en « corrigeant » cette consommation des variations climatiques (+ 0,5°C en 2019 par rapport à la température moyenne de référence), elle reste en légère baisse par rapport à 2018.
- RTE indique que les échanges « restent très volatils tout au long de l’année, avec un solde variant de 9,3 GW en import le 19 novembre à 9h à 17,4 GW en export le 22 février à 16h, un niveau jamais atteint auparavant. Ces variations permettent une souplesse de près de 27 GW pour le système électrique français, qui illustre également la solidarité européenne permise par les différentes interconnexions ».
- « La France peut ainsi se retrouver en situation d’import sans pour autant être à court de moyen de production », précise RTE. Le gestionnaire de réseau fait état de « 25 journées avec un solde journalier importateur, soit huit journées de plus qu’en 2018 », principalement aux mois de janvier, novembre et décembre (avec des températures inférieures aux normales de saison).
Un document clé qui devrait être présent à l’entrée de tout débat concernant les énergies dites renouvelables et la transition sous label écologique (????). Comment bâtir, de façon raisonnée, sans un état des lieux de l’existant et de ses fondations,et ce afin éviter de sombrer dans des dogmes obsolètes???