Jérôme MATHY
Le député de Vaucluse Julien Aubert présente aujourd’hui un rapport très critique sur l’éolien, écologiquement nuisible et financièrement ruineux et appelle à mettre “ moins de Vert ” dans l’écologie.
Valeurs actuelles: Dans quel cadre avez-vous mené le travail que vous publiez aujourd’hui ?
Julien Aubert: Je suis membre de la commission des finances et un certain nombre d’entre nous sont « rapporteurs spéciaux » sur une partie du budget. A ce titre, je suis les crédits relatifs à la transition énergétique. Depuis l’an dernier, les rapporteurs spéciaux choisissent de faire une étude sur un sujet en particulier, qui rentrent dans leur champ de compétence. Après les certificats d’économie d’énergie en 2018, j’ai choisi le modèle économique de l’éolien et le coût en termes de finances publiques.
VA: Moratoire sur l’éolien, fin de toute subvention publique : vos recommandations sont sans appel. L’éolien est-il vraiment une si mauvaise solution ?
JA: Il faut différencier l’éolien terrestre, très critiqué par les riverains, de l’éolien en mer, qui pose moins de problèmes d’acceptabilité sociale. Néanmoins, en France, notre particularité est que nos émissions de gaz à effet de serre proviennent de la partie fossile de notre consommation énergétique (transports, chauffage) et non de la part électrique puisque le nucléaire est décarboné. Substituer à grand frais de l’éolien décarboné à du nucléaire décarboné est sans effet sur le réchauffement climatique. Quand je vois que d’ici à la fin de la PPE [programmation pluriannuelle de l’énergie, NDLR] on pourrait avoir dépensé 70 à 90 milliards d’euros pour produire 15 % de notre électricité, sans impact carbone, et que cela correspond au coût du parc nucléaire actuel capable de nous alimenter à 75 %, je crois rêver. C’est votre facture d’électricité et de carburant qui paye tout ceci. Je milite donc pour qu’on limite au maximum les aides publiques sur l’industrie éolienne au profit d’autres dépenses plus utiles. La commission d’enquête que je préside actuellement rendra son rapport en juillet sur ce sujet plus large. A titre personnel, Je crois que seul l’éolien flottant, loin des côtes, a un avenir industriel.
VA: Vous faites état de résistances rencontrées au Ministère de la transition écologique… C’est à dire ?
JA: J’ai envoyé des questionnaires pour récupérer certaines données et personne ne s’était donné la peine de me répondre. Contrôler l’action du gouvernement, ça n’est pas un vain mot. J’ai donc débarqué sur place, comme me le permet la loi, une première sous ce mandat et sans doute depuis dix ans. Un vieux réflexe d’ancien magistrat de la Cour des comptes que je suis.
VA: Pourquoi – et depuis quand – l’Etat a-t-il ainsi sacrifié l’équilibre budgétaire aux éoliennes, comme en témoigne, dites-vous, une note du Premier ministre ?
JA: Dans cette note adressée au Premier ministre au moment de la renégociation du dispositif d’aide publique des premiers parcs éoliens de Dunkerque, le négociateur a esquissé deux options : renégocier au meilleur prix ou « toper » sur un prix plus élevé (et donc un coût budgétaire plus important) afin quelque part d’aider l’industrie éolienne offshore à mieux vivre dans les premières années. Si je donne un ordre de grandeur, on avait négocié une maison à 220 000 euros il y a quelques années, le prix du marché était de 50 000 et le gouvernement a préféré acheter à 150 000. Le delta est un discret cadeau.
Ça n’est pas stupide en soi, mais ce que je regrette, c’est que mis bout à bout cela fait beaucoup de zéros après la virgule. Or, cela n’a pas créé beaucoup d’emplois en France. Je crois que ce choix de guichet « sans compter » est ancien. Du temps de Nicolas Sarkozy, face à une bulle photovoltaïque, le gouvernement avait eu le courage d’arrêter tout. Dans le cas d’espèce, Emmanuel Macron s’est vanté d’avoir réduit de 40 % la note, mais sans doute aurait-il pu faire beaucoup mieux…
Il y a beaucoup d’argent en jeu et pas mal de lobbies, ceci explique peut-être cela. J’ai eu aussi la désagréable surprise d’être menacé par la société RES de représailles judiciaires, car j’avais posé des questions sur son modèle économique en commission d’enquête. Maladresse ou volonté de me faire reculer, qu’importe : je suis là pour protéger le pouvoir d’achat des Français.
VA: Pensez-vous que la tendance puisse s’inverser alors que l’écologie politique et ce qu’elle recouvre (dont l’éolien reste un symbole) semble n’avoir jamais été si puissante ?
JA: On se trompe d’écologie. La véritable écologie, c’est de préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique. L’éolien dans ce pays n’a pas de plus-value carbone. Quant à la biodiversité, on coupe des arbres et on fait des études sur les chiroptères mais pas sur les « mammifères humains » qui vivent non loin et qui ont tout autant le droit à un environnement sain. C’est le monde à l’envers : planter des mâts de métal dans le sol, ça n’est pas spontanément la première idée qui vient quand on imagine sauver la planète. En novembre, je publierai un livret vert dans le cadre de mon mouvement « Oser la France» pour apporter ma vision sur une véritable écologie.
VA: Finalement, comment qualifieriez-vous en quelques mots cette « Transition écologique et solidaire » en passe de devenir l’alpha et l’oméga de toute politique ?
JA: Je dirais qu’elle coûte très cher, qu’elle est payée essentiellement par les moins riches de ce pays (et donc anti solidaire), et qu’elle ne bouge aucun gramme de CO2 (et donc anti écologique). Il faut d’urgence faire « moins de Vert » et plus d’écologie dans ce pays…
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